Vendredi 24 mars 2006,
La police a arrêté sur la route n°1 entre Tel Aviv et Jérusalem, un individu en possession d'une charge explosive de 5 kg.
Cet habitant d'un village arabe, près de Djénine, avait réussi à s'infiltrer à Jérusalem. Il avait pour objectif de déposer sa charge dans la région du Gush Dan.
Un autre malheur a pu être évité : la charge explosive reliée à un téléphone portable était en fait une bombe à retardement qui aurait pu exploser à tout moment. Se rendant compte du danger pressant, les artificiers ont agi contrairement au règlement : ils n'ont pas attendu l'arrivée des robots pour désamorcer la charge mais se sont servis d'un couteau et d'un cutter pour effectuer le travail à mains nues.
Ceci est révélateur d’évènements graves :
- La haine anti-juive n’a pas diminué et le mépris de la vie humaine perdure.
-Les organisations terroristes ont parfaitement intégré l’agenda israélien, et notamment les élections, dans leur stratégie.
Ce même 21 mars, le Premier ministre Tony Blair prononçait un discours empreint de lucidité : « Le combat contre le terrorisme à Madrid, Londres ou Paris est le même que le combat contre les actes terroristes du Hezbollah au Liban, du Djihad islamique palestinien en Palestine ou les groupes insurgés en Irak »
Marquée par la menace terroriste, cette période pré-électorale est rythmée par un nombre (trop ?) élevé de sondages.
Tous prédisent la victoire du parti Kadima.
Guysen ne se prononcera pas sur les candidatures en présence. Dans cet éditorial, nous livrerons seulement quelques impressions.
Tout d’abord, c’est étrange comme la personnalité d’Ariel Sharon, hospitalisé à la suite de son accident neuro-vasculaire, demeure présente alors que s’annonce une nouvelle ère dans la politique israélienne.
Le déroulement de ces élections parlementaires montre une démocratie en action. On peut s’en réjouir. Mais, cette démocratie ne va pas bien.
En témoignent :
- Les scandales et les soupçons de corruption.
- Les rapports sur la mise en œuvre du plan de désengagement de la bande de Gaza et Amona.
- L’indifférence des jeunes à l’égard des élus.
- L’indécision d’un tiers des électeurs : méfiance à l’égard d’une classe politique qui ne tient pas tous ses engagements électoraux ? Sentiment que les dirigeants politiques sont déconnextés des préoccupations quotidiennes de l’Israélien lambda ou ne résolvent pas les problèmes majeurs (pauvreté, enseignement) ?
- Le taux attendu d’abstention (plus de 30%) alors que des choix cruciaux concernant l’avenir de l’Etat juif – poursuite ou arrêt des désengagements unilatéraux, statut définitif de Jérusalem - sont soumis à l’approbation des électeurs. Tout ceci ne peut qu’attrister les démocrates.
Dans ce climat plutôt morose, notons un motif de fierté et un moment d’espoir offerts par la victoire du jeune Israélien Michaël Seroussi, ancien étudiant au Technion, dans le cadre du jeu télévisé ’’Questions pour un champion’’ spéciale Langue française 2006.
La simplicité et la vivacité d’esprit du vainqueur, sachant conjuguer son amour pour la culture française et son attachement à son identité juive et israélienne, le fair play et la culture des candidates musulmanes, l’émancipation de la femme marocaine et tunisienne, la tolérance du public, les drapeaux israélien et tunisien arborés presque côte à côte, le vœu exprimé par Abou Diouf, secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qu’un consensus permette – enfin ! – l’entrée de l’Etat juif dans cette organisation. Une admission qui suppose la fin du diktat syro-libanais.
Tout ceci nous faisait oublier les manifestations de haine anti-juive et anti-israélienne qui avaient terni, le 10 mars, la remise d’une partie de la bibliothèque de l’historien des Juifs de Tunisie Paul Sebag à la Faculté des Lettres de Manouba (Tunisie).
Néanmoins, les images finales de cette compétition télévisée permettait d’imaginer ce que pourraient devenir les relations entre l’Etat d’Israël et ses voisins musulmans si l’islamisme était vaincu, si prévalait le respect de l’autre et si un "dialogue en vérité" entre les religions s’établissait.
Lors du 2e congrès des imams et rabbins à Séville, en Espagne (19-22 mars), le Grand Rabbin d’Israël Yona Metzger a déploré le silence de la « majorité modérée » au sein des Musulmans : « Pourquoi vous taisez-vous quand Ben Laden se permet de parler au nom de l’islam ? »
Saluons les voix musulmanes modérées qui s’élèvent, notamment celle de la courageuse Wafa Sultan, une psychologue arabe américaine.
Celle-ci a déclaré le 21 février 2006, sur Al-Jazeera : « Ce sont les Musulmans qui ont déclenché le conflit des civilisations. Le Prophète de l'islam a déclaré : ''J'ai reçu l'ordre de combattre ceux qui ne croient pas en Allah et en son Messager''. En divisant la population entre Musulmans et non-Musulmans et en appelant à combattre les autres jusqu'à ce qu'ils adoptent leurs propres croyances, les Musulmans ont ouvert le conflit et déclenché la guerre. Les ouvrages et programmes islamiques regorgent d'appels au takfir et au combat des Infidèles » (Source : MEMRI).
Citons également Nonie Darwish. Elevée à Gaza, cette jeune femme a rejeté l'enseignement de haine qui lui avait été imposé. Le 22 mars, à Londres, elle a lancé avec Hagit Mendellevich, mère d’un adolescent israélien tué par un islamikaze, un appel émouvant pour la paix.
Espérons que de nombreuses autres voix s’exprimeront au sein du monde musulman afin que le gouvernement israélien issu du scrutin du 28 mars ait de réels partenaires pour la paix.
A cette date, Guysen vous fera vivre en direct d’Israël les résultats de cette élection et les réactions et analyses suscitées.
A Paris, Guysen vous informera des observations de personnalités françaises en partenariat avec la Fédération des organisations sionistes de France (FOSF), la Maison Itshak-Rabin et Radio J.
Quelle que soit l’issue du scrutin, il faut que le vainqueur soit l’Etat d’Israël.